Le monde fou



Déjà le monde a paru plus fou que 'normal' l'année dernière, et ceci dans tous les égards, mais si ce mois de janvier est représentatif de l'an courant, on peut craindre donc que 2011 soit encore pire. Dans certains pays les hommes semblent d'autant déchaînés que paraissent actuellement les éléments.

La 'Révolution de Jasmin' qui, malgré le nom de la fleur emblématique de la Tunisia, (et l'arabe de 'yas' -désespoir, et 'min'- mensonge) est pour certains un terme moins approprié que celui tout simple de 'la Révolution Tunisienne'. Elle signe un trop plein dangereux dans ce pays du Nord de l'Afrique. La répression sévère envers les islamistes pratiquée auparavant par Ben Ali, risque aussi de provoquer des répercussions éventuelles, si enfin la démocratie n' y est pas pleinement accordée au peuple, et alors respectée scrupuleusement.

Depuis le suicide par immolation de Mohamed Bouazizi, un jeune diplômé et chômeur qui préférait vendre des fruits et légumes sans autorisation au lieu de ne rien faire, cette tendance d'un extrémisme terrible pour manifester contre une situation intolérable, parait vouloir s'étendre aux pays voisins souffrant des mêmes effets de la crise économique.
Aussi en Algérie donc on réclame cette liberté fondamentale. Et si elle est refusée, une alternative pouvait être déterminée par une récupération bien plus radicale.

La pauvreté immérité par rapport à la corruption honteuse de certains gouvernements et de leurs chefs, a tous les ingrédients pour créer ces situations explosives trop apte à être exploitées par des islamistes.   

Pendant qu'au Pakistan on s'acharne à vouloir appliquer pleinement la loi du blasphème, et un gouvernement manifestement trop faible pour s'opposer à la volonté du peuple, semble même prêt à jeter ses propres ministres à la gueule du monstre pour essayer de l'apaiser.

Mais jusqu'à quel point le monde musulman estime-t-il devoir aller pour établir la ligne entre ce qui est considéré blasphématoire ou non? Si une Chrétienne comme Asia Bibi défend sa foi, s'agit-il donc déjà d'un blasphème? Si des musulmans accusent cette Chrétienne de blasphème, ne serait elle pas alors en droit d'accuser ses accusateurs d'être blasphémateurs envers sa propre religion? Si le Coran reconnaît les deux autres des trois religions monothéistes d'Abraham, l'Islam ne devrait-il pas alors aussi reconnaître l'existence des lois, des commandements de ces religions?
Si pour Asia Bibi la parole du Prophète Jésus incarne davantage de vérité que la parole d'un autre Prophète, elle ne peut pas logiquement être coupable de blasphème, car elle est fidèle à sa propre foi. Elle n'attaque pas le sujet de sa foi. Mais ses accusateurs prennent la liberté d'attaquer sa foi autant, sinon bien plus, qu'elle n'en avait pris pour attaquer la foi de ses accusateurs. La loi d'Islam ne devrait-elle pas avoir une juridiction limitée aux musulmans, les pratiquants de cette religion? L'Islam peut-il prétendre juger ceux d'une autre foi? Si l'Islam prétend avoir ce droit et ce pouvoir, alors toutes les populations du monde qui pensent autrement, ou qui osent être fidèles à une autre religion que l'Islam, peuvent aussi par principe ou par extension être coupables de 'blasphème' aux yeux des musulmans.

Pourquoi Dante, entre autres, n'a-t-il jamais été condamné, même par contumace, pour avoir traité le Prophète de scissionniste, sinon pire, au Moyen Âge? Depuis quand l'Islam prétend avoir un tel pouvoir sur les non-musulmans? 

Asia Bibi, 45 ans et mère de cinq enfants, est condamnée à mort pour 'blasphème'. Elle nie l'accusation disant qu'elle a été persécutée pour sa foi dans un pays où les Chrétiens sont régulièrement harcelés, sujets d'abus et de discrimination.
Depuis juin de l'an dernier elle a été emprisonnée dans Dieu sait quelles conditions. Elle accuse même ses accusateurs de l'avoir violée. Et celui qui ose parler en sa faveur risque le même sort de Salmaan Taseer, le Gouverneur de Punjab, lui qui avait eu le courage de critiquer la loi du blasphème. Abandonné lâchement par le gouvernement, Il a été assassiné par son propre garde de corps. Malik Mumtaz a avoué sa responsabilité pour le meurtre. Depuis, il est traité de héros par beaucoup de pakistanais, malgré la loi Coranique qui condamne catégoriquement le crime d'homicide.

Il ne s'agit pas d'Iran, d'une musulmane accusée de meurtre et d'adultère comme Sakineh Mohammadi Ashtiani dont les faits des 'crimes' sont aussi flou. Il s'agit du Pakistan, 'l'allié' bien payé de l'Occident. Et dans ce cas honteux, on n'entend rien du gouvernement des Etats Unis. On n'entend pas grand chose non plus des chefs d'Etats Européens. Dans ce cas il n' y a pas de mots passionnés des belles célébrités Européennes pour sauver Asia Bibi. Elle n'est pas une musulmane accusé des crimes soi-disant établis. Elle est condamnée à mort à cause des rumeurs, des commérages, de 'blasphème', ou plutôt d'être Chrétienne et d'avoir eu le courage de défendre sa foi. Mais bien entendu la situation n'est pas la même. Il y a une nuance, grossière comme une tache de sang dans un coin sale. Le Pakistan est quand même un 'allié'...


God, or whichever word one wishes to use to name the power that rules over the universe, cannot possibly be verbally insulted. Such an idea would be ridiculous, as infinitely absurd as trying to slander the sun, the moon and the stars.

Such power is untouchable. Man reveals his own weakness and pretentiousness even more by imagining that the omnipotence that rules everything, right down to mankind's own limitations, differences and manner of appreciating such power, should be defended against calumny.

It would thus follow that those who claim to be the messengers of this omnipotence, those sincerely believed to be the true Prophets of God, must also be beyond all reach of slander. Their greatness defies any form of what mankind calls 'blasphemy'.

If this is true, then those who feel insulted in the name of God, or in the name of one of his Prophets, because of what they would claim to be 'blasphemy', would be assuming the right to identify themselves with God or one of God's messengers. 
In spite of their weakness, their vanity and their unworthiness, they thus pretend to wield the sword of divine justice, even so far as to claim the lives of those whom they accuse in God's name. 
Surely this is far worse a crime than any expression of words or opinions that might also be criminally construed, misconstrued, if not even invented by others, in order to accuse their victims of blasphemy.
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Text and top transposition by Mirino. Top images AP, with thanks. Lower image IBN, with thanks. January, 2011

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